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Affichage des articles du octobre, 2013

Jean-Pierre Siméon

GIBRALTAR* Ceux-là ne vont pas à la mer pour la mer pas pour nouer leurs rires à la gerbe des vagues pas pour cuire leur sommeil sur le sable ils sont devant la mer debout sous la nuit sans étoiles comme devant l'abîme derrière eux la terre qu'ils aiment harassée dépourvue où il n'y a de choix qu'entre la mort et la mort devant eux rien la mer immense un abîme à franchir comme on doit bien franchir le désespoir ils savent que leur barque est plus fragile qu'un rêve ils savent que là-bas peut-être à l'autre bout du vide la mer recrachera leur corps sur le sable froid ils savent debout devant la mer Ici Jean-Pierre Siméon Cheyne éditeur * à rapprocher des drames récents de Lampedusa et Malte

Chantal Dupuy-Dunier

65 Ma mère est tombée. Ne voient plus les marches, les yeux de ma mère,                                comme dépolis. Ceux qui, si jeunes, m'ont vue naissant,                                     s'éloignent, brumes. (Les mères ne doivent pas chuter. Ce sont les enfant qui trébuchent lorsqu'ils commencent à marcher en leur tenant la main.) 66 Et nous tellement pudiques qu'elles glisseront sans que nous leur ayons dit combien nous les aimons. A l'heure où nos mères viendront à mourir, aurons-nous compris qu'elles tombaient sans vouloir nous déranger? Oh! Ma mère, tes yeux et ta cheville... Les corps n'ont pas le droit.  Chantal Dupuy-Dunier " Mille grues de papier " Flammarion